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Coronavirus, apprentissage du retour à l'essentiel pour survivre. le 28/04/2020 à 19h26min45s

Le ciel est couvert aujourd’hui, mais la pluie n’était pas au rendez-vous cette nuit. Elle est restée dans le midi de la France. Les nouvelles sont toujours aussi sombres à la radio, mais le gouvernement va prendre la parole pour mettre en place le déconfinement pour le 11 mai. Encore 15 jours à tenir pour notre population française de citadins en prison dans leurs maisons empilées les unes sur les autres.

Après la guerre, du temps de ma jeunesse, le temps était à la reconstruction de la France, et on a vu pousser comme des champignons les immeubles en béton, les HLM et toutes les cités, les quartiers, les banlieues. Du fond de notre Savoie paysanne, je me souviens que, curieux et attristés, on appelait ces bâtiments des « cages à lapins ». Comment pouvait-on vivre là-dedans ?

Déjà à l’époque, la publicité, l’idéologie dominante faisait son œuvre sournoise. C’est avec du recul que je peux écrire çà aujourd’hui, mais c’est bien la réalité. Et non, ce n’était pas une sorte de volonté unique et cachée, une sorte de grand complot issu de certains esprits faibles et ignorants d’aujourd’hui. C’était simplement l’idéologie qui dominait, partagée par une majorité. Pourquoi la chanson « La Montagne » est-elle toujours aussi poignante  à écouter ? L’avenir était dans le formica, le ciné, la voiture, le confort domestique. Mais comme dans la fable de La Fontaine « Le Chien et le Loup », il y a eu un prix à payer, très cher. Celui de notre liberté, notre responsabilité, en un mot, notre humanité. De citoyens, nous sommes devenus consommateurs.

Je ne peux que souhaiter que cette catastrophe planétaire de la pandémie nous aide à revenir, je n’écrirai pas « à nos fondamentaux » que je trouve trop connoté économiquement, mais aux valeurs essentielles de l’humain, que nos convoitises, nos lâchetés, notre conformisme ont petit à petit abandonnées.

Le coronavirus n’est pas un problème à quoi il faudra trouver une solution, mais comme l’a si bien décrit Pablo Servigne dans « Comment tout peut s’effondrer » à propos du climat, c’est un « predicament», notion anglaise dont nous n’avons pas l’équivalent, nous autres cartésiens, c’est un « emmerd...ment » dont il nous faudra tenir compte. Comme tout le monde actuellement dans les médias le dit, il faudra faire avec. Et c’est cela l’après covid-19.

Que sont donc ces valeurs essentielles ? Je ne parlerai ni philosophie, ni religion, peut-être une autre fois. Simplement économie. De quoi avons-nous besoin ? Par ordre d’importance . 1 -Nous nourrir. Bio, agriculture industrielle, pesticides. 2- Nous vêtir. C’est presque gratuit, fournisseurs étrangers, la mode. 3-Nous soigner. Hôpitaux, laboratoires pharmaceutiques. 4-Nous protéger du climat. Le bâtiment, lotissements, immeubles. 5-Nous déplacer. Voitures, vélos,infrastructures routières, trains, bus, avions. Et enfin 6- Nous divertir. « Panem et circences ». Nourrir l’esprit. Mais seulement quand les autres besoins auront été satisfaits, car « ventre affamé n’a pas d’oreille. » Cinéma, musique, théâtre, sports, littérature…. On a fait le tour.

C’est une autre présentation des secteurs d’activités classiquement étiquetés « primaire, secondaire, tertiaire. »

J’ai changé la place de « nous soigner » dans le classement de présentation de ces besoins, mais je ne suis toujours pas satisfait de sa position. Je l’avais initialement placé en avant dernière position, dans un souci de présentation fonctionnelle, mais faut-il le mettre en première position ? De toute évidence, elle a une place capitale. A quoi sert tout le reste, si c’est pour perdre la vie ?
J’aurai pu aussi rajouter « nous perpetuer » après nous soigner, pour intégrer le secteur de l’éducation, l’importance de la famille et de nos enfants. Je l’ai omis pour ne parler que des besoins primaires de l’homme adulte.

Et c’est bien à ce retour à l’essentiel que le confinement nous fait revenir de force. Voilà pourquoi çà ne pourra pas recommencer comme avant, ou tout au moins je l’espère ardemment.

On se rend compte en effet qu’il y a des secteurs d’activité indispensables, maintenus pendant ce confinement, d’autres importants, d’autres nécessaires, d’autres inutiles, et d’autres parasites.

Alors même s’il est coutume de dire que chacun a sa place dans la chaîne de l’économie, certains y ont plus leur place, et d’autres moins.

Et l’importance qui leur est donnée financièrement n’est pas du tout corrélée à leur importance réelle pour chacun de nous. Elle est inversement proportionnelle. Toujours dans l’ordre de mon classement, 1- pour la nourriture, activité subventionnée, beaucoup de suicides chez nos paysans, 2-pour le vêtement, le textile est assuré par nos esclaves étrangers, 3-pour les soins, le secteur de la santé réclame plus de moyens,4- pour la maison, le bâtiment se porte encore bien, 5-pour les déplacements, autoroutes TGV voitures et avions nourrissent grassement leurs actionnaires, et quant au 6- divertissement, les nouvelles technologies du numérique, le show biz et le monde du sport portent à elles seules la majorité des rêves des jeunes pour y faire fortune. Donc, ce qui rapporte le plus d’argent, c’est ce qui est le moins nécessaire.

De citoyens, nous étions devenus consommateurs, prenons garde de devenir esclaves devant nos écrans adorés, dans une France ou enfin les territoires obéiront aux règles édictées par une administration soumise non aux besoins et aspirations de chacun mais aux lois du profit pour quelques uns.

Une chance nous est donnée aujourd’hui de remettre enfin en question notre mode de fonctionnement, notre « way of life », une chance de renverser la pyramide. La terre nourricière est fragile, limitée. Ce devrait être le point de départ de notre réflexion avant que la disparition des insectes des abeilles des oiseaux des poissons nous oblige à manger nos bitcoins en randonnant sur les sentiers du Mont-Blanc rebaptisé le Mont-Gris, pour essayer d’y respirer encore un zeste d’air plus frais et moins pollué.

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