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FEVRIER Fait divers: accident Pierre Palmade le 26/02/2023 à 13h31min30s

Réflexions sur un fait divers.

Depuis une semaine, un fait divers fait la une des médias. Un simple accident de la circulation impliquant un conducteur drogué emboutissant une voiture en sens inverse, avec pour bilan la mort d’un bébé qui allait bientôt naître. On n’en parlerait pas si ce n’est que ce chauffard criminel est un humoriste connu , Pierre Palmade. Mon intention dans cette réflexion n’est pas de rajouter de la douleur à la douleur, du côtés des deux familles impliquées. La famille victime et endeuillée d'abord qui n'y est pour rien, et la famille coupable, (un peu quand même, ne soyons pas toujours irresponsables et schizophrènes).

Mr Palmade il y a quarante ans aurait joué sa tête, sur l’échafaud. Il risque aujourd’hui quelques années de prison .

Si j’avais encore le goût de faire de l’humour, je dirais que Palmade roulait trop vite, et qu’il aurait du rouler à 70 km/h. Je n’en suis plus là, une chose m’agace au plus haut point, c’est la démission des pouvoirs publics en ce qui concerne la sécurité sur la route. Il est en effet plus facile et plus commode pour l’Administration avec un grand A de tout reporter sur le classique et facile bouc émissaire responsable des morts sur la route, j'ai nommé la Vitesse avec un grand V, non comme Victoire, mais comme Vénal. Pourquoi vénal ?

Parce que au cas ou vous ne l’auriez pas remarqué, la route est devenue un business comme un autre, avec ses entreprises de travaux soit-disant publics, ses autoroutes aujourd’hui privatisées, et son service d’ordre déjà sous-traité par les GAFA. J’exagère à peine, mais c’est ce qui se profile à l’horizon avec notre expérience de vingt années de radars, (on a échappé aux portiques, aux éthylotests portatifs obligatoires, aux phares en plein soleil…) avec les voitures radars pour nourrir le nouveau poste budgétaire des impôts-amendes (nouveau parce que d’anecdotique il va devenir incontournable) et avec bientôt la surveillance par satellite.

Où était le bon temps ou celui qui n’avait pas la conscience tranquille craignait de voir se profiler à l’horizon nos motards, les anges gardiens de la route ? Arche Sofias o Theou Fobos disait un proverbe grec., autrement dit : la crainte du gendarme est le début de la Sagesse.
Aujourd’hui, c’est avec la peur au ventre que chacun prend le volant de sa voiture, en se demandant s'il rentrera le soir sans être tombé dans un radar-piège.
Certains handicapés comme moi déplorons de plus la multiplication des casse-vitesses , coussins berlinois, etc...systématiques dans chaque agglomération, punis que nous sommes dans notre chair pour les excès de vitesse d’autrui que l’Administration est incapable ou n’a pas les moyens de réprimer. Mais qui s’en soucie ! Qu’un professeur essaie un jour de donner une punition collective à sa classe, et vous verrez le scandale national au journal télévisé du soir !

Tout semble donc fait pour déresponsabiliser le conducteur, qui est pourtant l'acteur principal dans la circulation routière.On ne fait plus appel à lui. L'Administration se substitue à lui. Le conducteur n'a plus à juger de la vitesse, elle lui est imposée. Le panneau indicateur est devenu une injonction obligatoire. La liberté de doubler un véhicule lent lui est retirée dans la pratique. Et non seulement on ne fait plus appel à sa responsabilité, mais l'Administration oblige carrément sa raison à démissionner. En effet, lorsqu'il est fait appel à sa responsabilité de décision par exemple, c'est parce que les consignes de développement du territoire ont mis en place sur la route une imprévisibilité dangereuse pour l'inciter à ralentir, avec des priorités à droite aléatoires ou des inversions de priorité.(Stop sur une route principale toute droite et priorité à la route secondaire, engagement à gauche sur un rond-point qui doivent se prendre tous à droite, voie en agglomération carrément obstruée avec obligation de s'engager à contre-sens...) Toutes choses qui sous couvert de réveiller l'attention du conducteur et le faire ralentir l'induisent en erreur, et viennent en contre-indication grave au seul caractère nécessaire et obligatoire à la sécurité routière, le caractère de prévisibilité. Plus les choses sont simples et prévisibles, plus les accidents sont évitables, plus les choses sont compliquées et imprévisibles, plus l'accident sera inévitable. (On est d'ailleurs loin du compte avec notre Code de la route niveau BAC + 3 !!!)


Dans ce tableau noir, je n’ai pas encore fait état du coté sombre de l’insécurité provenant de la construction de la voiture elle-même depuis ces dix dernières années.
Bien sûr il y a eu un progrès indéniable dans la sécurité automobile due à l’étude de sa structure et aux crashs test, et il y a eu aussi un réel progrès dans l’économie de consommation de carburant. C’est la raison pour laquelle, alors qu’il y a 10 ou 20 fois plus de voitures qu’il y a quarante ans, il y a 10 fois moins de morts.

Mais cette 'évolution de la construction automobile a toujours eu lieu dans le sens d'une meilleure économie pour le constructeur, avec une régression nette pour la maintenance et les réparations. C’est à dire bonus pour le constructeur, malus pour le client. De plus, avec l'arrivée du numérique, aucune étude de sécurité n'a été menée. C'est aveuglément, pour des raisons purement commerciales que les choix ont été menés. C'est ainsi que, sans aucun contrôle de l'état, tous les véhicules sont maintenant équipés d'un écran tactile avec lequel le conducteur a la possibilité de dialoguer avec son ordinateur de bord. Chaque conducteur peut donc maintenant se brancher sur internet, répondre au téléphone, interroger son GPS, décider de sa playlist, ou choisir sa radio préférée sur son écran de bord, tout cela à 130 sur l'autoroute. Le message est clair, la voiture est votre deuxième bureau nomade.

Il y avait déjà des écrans avant me direz-vous. Oui, indicateur de vitesse, compte-tour, témoin de chauffe...La grosse différence avec ces écrans, c'est que cet écran numérique multifonction est tactile et interactif, positionné de plus au centre du tableau de bord. Il nécessite l'action de la main droite sur un endroit très précis, et cela après un temps de latence de quelques secondes nécessaire à une lecture obligatoire. Et à 130 km/h un véhicule parcourt 100m en 3secondes et encore 50m à 60km/h. Combien de morts faudra-t'il pour que l'on mette les garde-fous nécessaires, empêchant par exemple son utilisation en pleine vitesse, ou alors uniquement par le passager, et tout cela sans aucun surcoût de production ?
Et que dire du fleuron de la technologie d'Elon Musk, la Tesla ? Sur son tableau de bord sont disposés deux éléments, le volant à gauche et un bel écran sur un socle au milieu. C'est tout. Je n'ai pas fait d'études d'ergonomie ou de sécurité, mais en tant que passager je me vois en train de devoir adresser la parole au conducteur: « regardes la route et arrêtes de tripoter la télé !»

Dernière réflexion sur l'incident Palmade. Je veux parler de l'effet pervers des assurances. Ce qui au départ était louable, l'obligation pour tout conducteur de contracter une assurance, a petit à petit fait perdre beaucoup de responsabilité au conducteur. Lorsque l'assurance ne remboursait pas ou peu en cas de responsabilité, le porte-monnaie inculquait beaucoup plus de prudence. Mais si l'assurance rembourse dans tous les cas, la tendance est fatalement au relâchement. Combien de fois ai-je entendu dans ma vie d'automobiliste: « je m'en f....je suis assuré ! »


Voilà la raison de toutes ces prises de risque en voiture des jeunes et des moins jeunes, qui commence avec le téléphone au volant, l'insouciance, l'alcool, la drogue. Et la société ne donne pas un message clair là-dessus. Au tout au moins je ne le perçois pas. Et il ne servira à rien de jouer la répression à la manière des talibans, zéro téléphone, zéro alcool, vitesse ridiculement contrôlée, voiture avec siège éjectable et tout ce qu'on voudra inventer.....

Le message doit être clair, c'est celui de la liberté, sans laquelle il n'y a pas de responsabilité, et qui dit responsabilité dit sanction. Sur la route, comme dans la vie, on devrait être libre avant, sanctionné après. Bien conduire comme bien se conduire. Education et pédagogie au lieu de coercition et gaspillage. Mais l'Etat veut-il s'en donner les moyens ? Ne baisse-t'il pas les bras année après année ? Ou faut-il se résigner à penser que les motivations concourant à la sécurité routière ne sont pas aussi avouables qu'on veut bien les présenter ?

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