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JUIN Comment ECONOMISER LE PETROLE SUR LA ROUTE le 04/06/2023 à 16h27min14s

S’il est une idée reçue qui a la dent dure c’est bien l’idée qu’il faut rouler lentement pour rouler à l’économie.
Je ne sais pas à quoi cela tient, peut être à la confusion entre le rouler lentement par prudence, les encouragements et injonctions officielles à l’abaissement de la vitesse pour des raisons de sécurité, et la hausse des carburants et la prise de conscience collective récente de cette difficulté par les gilets jaunes. D’un coté sécurité, radars, anti-pollution, et de l’autre carburant cher, pédale douce.

Et bien non. Contrairement à ce qui pourrait paraître une évidence, ce n’est pas obligatoirement en roulant lentement que l’on fait des économies de carburant. Cela pourrait être même le contraire. Je vais m’expliquer.
Je vais essayer de rester simple et compréhensible, parce qu’en réalité c’est assez complexe.

Pour comprendre, je vais utiliser les trois paramètres dont nous disposons sur nos véhicules actuels :
1) Le compteur de vitesse
2) Le compte tour du moteur
3) L’affichage de la consommation instantanée.

Observons ce qui se passe lorsque nous prenons notre voiture. Au fur et à mesure que nous montons les vitesses, le compteur de vitesse monte progressivement jusqu’à 130 (nous sommes sur l’autoroute), le compte tour a fait du yo-yo, il est monté et descendu passant de 1000 à 2000 tours minutes (environ, cela dépend du modèle de voiture), l’indicateur de consommation, lui, a fait de même passant de 1 litre à 8 litres, allant même jusqu’à 10litres.

Analysons maintenant et comparons deux cas de figure.
1) Premier cas de figure.
Je roule à 60 km/h
Compte-tour à 1800 tr/mn
Consommation instantanée 4 litres. ( au 100 km)

2) Deuxième cas de figure.
Je roule à 120 km/h
compte-tour à 1800 tr/mn
Consommation 4,5 litres (au 100km)

Résultats une heure après.
1) Dans le 1° cas, j’ai fait 60 km et consommé 4/100x60=2,4litres. Ou consommé 4,8 (2,4x2) si j’avais roulé 2h pour faire 120 km comme dans le 2° cas. Différence : 5,4-4,8=0,6 litre de moins.
2) Dans le deuxième cas, j’ai fait 120 km et consommé 4,5/100x120=5,4 litres, ou alors 2,7 (5,4/2) si j’avais roulé 60km comme dans le premier cas. Différence : 2,7-2,4= 0,3 litre de plus.

Il semblerait donc bien d'après ces premières constations que le fait de rouler plus lentement soit plus économique.
Mais est-ce que ces chiffres sont fiables ? Je dois avouer que les chiffres de la consommation instantanée que je viens d’utiliser sont sujets à caution, parce que sans arrêt fluctuants, variant de 3 à 6 selon l’énergie demandée par la configuration routière. Et vous remarquerez que ce n’est pas neutre pour les calculs, l’erreur d’une moyenne servant de base à des calculs ne peut que démultiplier cette erreur. Ces chiffres de consommation restent donc approximatifs. Alors 4 litres, 4,5 litres  ? Retour à la case départ.

En fait je ne sais pas combien j’ai consommé ! Je n’ai qu’une approximation.
Pour le savoir, il faut consulter l’ordinateur de bord qui a fait le cumul des consommations instantanées.
Dans le cas de ma voiture, une 308 SW Peugeot, la consommation instantanée qui tournait autour de 4 à 5 litres
m’a donné pour les 6 premiers mois 4,7 litres au 100km de moyenne générale. Comme je note régulièrement tous mes pleins sur un petit carnet, et que j’ai entendu parler d’une petite tricherie chez un fabricant de voiture concurrent, il m’a été facile de faire le calcul et de me rassurer : ma voiture consomme bien 4,7litres au 100 km en moyenne. Donc le chiffre de 4,7 litres de moyenne générale est fiable.

Oui, mais pour quelle vitesse ? Par chance, l’ordinateur de bord me communique aussi la vitesse moyenne. Celle-ci est plus basse que 60 à l’heure. : 55 km/h C’est plus qu’une moyenne de ville, c’est normal, je roule principalement à la campagne et sur l’autoroute. Mais malgré tout, cette moyenne est largement en dessous de ma vitesse que j’appellerai « opérationnelle »’, celle que j’ai l’impression d’utiliser, c’est à dire 80 sur route, ou 130 sur autoroute. Il y a beaucoup de « pertes ». Autrefois, pour un véhicule roulant jusqu’à 95 km/h, la moyenne était de 65 sans prendre l’autoroute. Ce qui révèle aujourd’hui une réelle augmentation du nombre de ralentissements dans l’ensemble du réseau routier d’où baisse de la moyenne et surement augmentation de la consommation. Car autrefois, le véhicule qui ne faisait « que de la ville » avait une moyenne kilométrique plus basse et une consommation supérieure au véhicule qui ne faisait « que de la route » avec une moyenne kilométrique plus élevée. Pour des calculs plus exacts, on devrait donc avoir tendance à augmenter les moyennes et à baisser les consommations. Mais encore une fois, on reste dans le subjectif.
Et cela ne répond toujours pas à ma question, quelle est la vitesse idéale pour consommer moins?


Et c’est là qu’il faut prendre en considération un nouvel élément, le compte tour que j’ai laissé de côté, et surtout les montées en palier et la vitesse en plateau. (deux éléments liés au compte tour.) Une montée en palier énergivore, et une conduite en plateau économique.

En effet, chaque fois que j’accélère en montant une vitesse (le principe est le même pour les boites automatiques), le compte tour monte jusque vers 2200 pour redescendre après la vitesse suivante à 1200 et ainsi de suite. Et on remarque que l’indice de consommation suit plus ou moins la même courbe de yo-yo, avec une rapide et forte montée. (Due à la demande d’énergie provoquée par l’accélération du véhicule.)

Donc à chaque montée en palier, (vitesse intermédiaire entre deux vitesses) soit je suis avec un compte tour et une consommation trop élevés, soit avec une consommation basse et un compte tour trop bas. Mais en tout état de cause, je suis dans une situation instable, soit avec une consommation trop élevée, soit avec un moteur qui fatigue. Pour me résumer, je dirai que à chaque ralentissement, à chaque arrêt, il y aura une accélération très énergivore qui suivra, et si j’ai une voiture à 6 vitesses, j’aurai 6 paliers énergivores.

D’autre part, de ces trois éléments, pour chacune des 6 vitesses de la boite, deux éléments sont liés et varient mécaniquement en parallèle, la vitesse de la voiture et le compte tour (roues et moteur). Pour la consommation, elle varie indépendamment, liée qu’elle est à l’accélération et aux montées et descentes. C’est ainsi que la consommation peut être de 15 litres à 40 km/h, 3 litres à 60 ou 90 km/h voire de zéro dans une descente d’autoroute à 130km/h

Mais me direz-vous, ces variations de consommations sont prises en compte par l’ordinateur et incluses dans la moyenne. Justement, et c’est là qu’il y a question, l’ordinateur ne me dit pas à quel moment et dans quelle mesure. Pour me dire avec exactitude s’il est plus rentable de rouler à 60 qu’à 120 km/h il faudrait que l’ordinateur ne comptabilise pas ces pics de consommations supplémentaires dues à ces modifications de vitesse. Dans quelle mesure ces variations de vitesse que j’appellerai parasites viennent fausser le calcul approximatif de la différence de consommation moyenne que nous avons fait plus haut? (0,6 litre de moins pour notre premier cas, et 0,3 litre de plus pour le deuxième cas ?.) Tout dépend du nombre de ces variations et nous avons vu qu’elles sont de plus en plus nombreuses dans le contexte du développement actuel du réseau routier.
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Pendant une dizaine d’années, j’ai été en charge de la surveillance et du contrôle des disques de chauffeurs livreurs PL. Je précise, non en ville ce qui justifierait les nombreux arrêts, mais sur une douzaine de départements. En abscisse les km, en ordonnée la vitesse. Le graphique d’une journée ne ressemblait pas à des dents de scie régulieres mais plutôt à un graphique acoustique avec des arrêts à peine discernables des ralentissements tellement ils étaient rapprochés.

Alors, si vous voulez vraiment savoir l’impact de ces variations de consommations parasites qu’il faudrait enlever pour avoir une moyenne correcte et honnête à retenir, faites un jour l’expérience suivante : sur un long trajet routier de 100 km par exemple, comptez tous les ralentissements et les arrêts, les ronds-points et les ralentisseurs, et si pour chacun vous leur accordez 200m pour le rétablissement de votre vitesse de croisière, vous pourrez facilement obtenir jusqu’à 10 km d’accélération à 10 litres de consommation au 100km/h soit 1 litre supplémentaire, et cela sur ce trajet de 100km seulement, et voyez ce que cela pourrait donner sur 6 mois…

Revenons sur le calcul de nos deux cas de figure plus haut. A 60 km/h, j’aurai consommé 4 litres, (environ car consommation instantanée…) alors que la moyenne générale réelle est de 4,7 sur 6 mois ? Ce n’est pas très probant. Rouler pendant des heures sur autoroute à 130 n’aurait augmenté la moyenne générale que de 0,7 litre ? C’est ne tenir aucun compte de tous les pics de consommation, d’autant plus que je n’ai réussi qu’à remonter ma moyenne à 55 km/h et même pas à 60 km/h ?

Recentrons-nous maintenant sur notre objectif qui est de faire de l’économie de carburant, et donc de faire le plus de km avec le moins de carburant. Par exemple faire 1000 km avec le plein d’un réservoir plutôt que 700km.
En exemple, je vais prendre un trajet avec un plein, 1000 km avec 50 litres, soit Nice Brest ( très théoriquement! Simplement pour avoir une représentation mentale.)
Premier cas, je vais rouler normalement, à 120 de moyenne sur l'autoroute. Je vais mettre 8 heures (8x120=960km)Une bonne journée à rouler, et mon réservoir est vide (4,5 ou 5x100=50 litres consommés).
Deuxième cas, je suis un adepte du rouler lentement, et je vais rouler prudemment à 60 à l'heure.
Une bonne journée à rouler (toujours 8h), mais je n'ai parcouru que 480 ou 500 km, (je suis encore à Lyon ou Macon !)
Est-ce qu'il reste encore assez dans mon réservoir pour faire une deuxième journée sans faire le plein ? Personnellement, je n'ai jamais roulé deux jours consécutifs sans faire le plein. Mais rassurons -nous avec la théorie. La théorie me dit que je n'ai consommé que 4 (litres/100km) x5 (100km)= 20 litres. Mais j'ai une appréhension, un doute avant de me lancer dans cette deuxième journée. Parce que les chiffres de la réalité me suggèrent deux choses différentes : d'abord que ma moyenne générale sur longue durée donnée par mon ordinateur de bord n'est que de 55km/h, et ensuite que ma consommation moyenne sur 6 mois est de 4,7 litres/100km.

Mon premier doute, c'est que pour faire 500 km, si je ne roule qu'à 60km/h j'aurai en réalité besoin de plus de 8h donnée par la théorie. Dans la réalité en effet, une moyenne de 55km/h est obtenue avec une vitesse de croisière de 90 ou 130 km/h. Si je garde les proportions, ma moyenne à rouler à 60km/h serait de 30 à 35km/h. Il me faudrait 15 heures pour arriver à Lyon (500/33=15+), et 30 heures pour Brest. Presque 4 jours....Avec un seul plein ?

Si ma consommation moyenne est en réalité de 4,7 litres sur 6 mois, il n'y a pas une grosse différence avec ma consommation instantanée à 60 km/h (4 litres). Toujours si je garde les proportions, cette consommation devrait doubler pour une vitesse double....si j'en étais à croire encore au postulat que «la consommation est directement proportionnelle à la vitesse ! »

Une dernière réflexion pour finir sur l’impact négatif sur l’écologie provoqué par la décision d’imposer le 80 km/h au lieu du 90 km/h. Maintenant que vous êtes familiarisés avec les notions de vitesse en palier et de vitesse en plateau, vous allez constater que le 80 est le début d’une vitesse palier, limite pour passer de la 4° à la 5° vitesse, avec un compte tour élevé (donc consommation élevée) et que le 90 est le début d’une vitesse en plateau avec un compte tour plus bas (donc avec une consommation plus basse.) La généralisation du principe de l'injection à la place du carburateur a certes amélioré la consommation des moteurs sans pour autant l'annuler. Pour moi et bon nombre d’automobilistes soucieux de leur consommation, le passage au 80 a signé l’abandon de la 5° vitesse, la vitesse de croisière en plateau sur route, synonyme d’économie de carburant.

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